lundi 25 janvier 2010

III/ Les utilisations de la musique


1) Une utilisation de la musique : la musicothérapie


La musique opère donc sur nous psychologiquement, physiologiquement et physiquement. On peut alors faire l'hypothèse que la musique peut guérir certaines maladies en agissant de manière précise de part sa structure musicale. Plusieurs expériences ont été réalisées pour déterminer de quelle manière pouvait être mise en valeur la musique dans la médecine d'aujourd'hui. Des résultats de ces expériences est née la musicothérapie, dans les années 1960. La musicothérapie est une des composantes de l'art-thérapie. Elle consiste en une utilisation judicieuse de la musique comme outil thérapeutique de base, pour rétablir, maintenir ou améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle d'une personne.

Les travaux d'une équipe genevoise (Université de Genève) collaborant avec le Pr. Marcel Zentner, psychologue et ancien enseignant à l'université de Harvard et son collègue Klaus Scherer se prêtent à des applications prometteuses notamment dans ce domaine. Autisme infantile, psychoses chroniques, névroses, handicaps sensoriels, états dépressifs, sorties de coma… la liste est longue de ces pathologies pour lesquelles la musique peut rendre de grands services.


Il existe deux modes d'approche qui varient selon les publics auxquels on s'adresse :

La musicothérapie passive : le sujet écoute un programme sonore établi après un entretien et un test de réceptivité musicale. Des techniques de relaxation permettent de réduire l'état d'angoisse, de nervosité...

La musicothérapie active : elle est axée sur des productions sonores au moyen de la voix, les percussions ou autres. Le sujet devient créateur et s'exprime à travers la musique et les sons.


Le musicothérapeute qui agit dans le domaine du non verbal, cherche à atteindre la sphère émotionnelle du destinataire, à ouvrir des canaux de communications, à provoquer, à l’aide de stimuli sonores, un état émotionnel agréable, réconfortant, voire perturbant, propice à l’ouverture sur soi et sur les autres, pouvant permettre de lutter contre certaines douleurs, certains mal-êtres.

C'est le principe de la musicothérapie utilisée chez les autistes (l'autisme est une maladie qui frappe entre 15 à 30 personnes sur 10 000 (chiffres datant de 2003)). En effet, la composition musicale crée un monde intérieur très dense, ce qui en fait une activité quasi autistique. Béla Bartok , par exemple, était un compositeur autiste. Cette composition spontanée allie un monde intérieur au rendu du son. C'est donc une forme de communication non verbale passant par la sensibilité du musicothérapeute et de l'autiste, dont la passerelle est matérialisée par l'instrument (musicothérapie active).


Mais la musicothérapie peut être utilisée pour bien d'autres pathologies, notamment sur des patients victimes d'un accident vasculo-cérébral : en leur faisant écouter leur musique préférée 2h par jour, leur mémoire verbale a augmenté de 60% (29% sans musique), et leur capacité à focaliser leur attention de 17% (sans musique, aucune amélioration n'a été constatée). De plus, la musique soulage les enfants opérés et certaines musiques permettraient de guérir des enfants dyslexiques.


Plusieurs recherches ont été réalisées pour déterminer jusqu'où pouvait aller la musique. On sait maintenant que la musique, utilisée correctement, augmente notre seuil de résistance à la douleur. Par exemple, une heure de musique (variété) par jour pendant une semaine aide à diminuer les douleurs de l'arthrose, de la polyarthrite rhumatoïde et les problèmes discaux, selon les chercheurs de l'Ohio.


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2) La musicothérapie et la maladie d'Alzheimer.



Pour ce TPE, nous avons décidé de nous intéresser plus particulièrement à la maladie d'Alzheimer qui frappe environ 65 % des cas de démence, fréquente chez les personnes âgées. Cette maladie dégénérative reliée au vieillissement engendre un déclin progressif des facultés cognitives ; petit à petit, des cellules nerveuses localisées dans les régions du cerveau responsables de la mémoire et du langage sont détruites. Néanmoins, elle se distingue par sa progression lente et par le fait qu'elle touche surtout la mémoire à court terme, dans ses débuts.


Après avoir visionné le film La mémoire retrouvée de Jean-Michel KUESS, nous avons mieux saisi pourquoi la musicothérapie est utilisée dans certains centres gériatriques.

Comme le disent bien l'un des médecins et la musicothérapeute Pilar Garcia (elle dirige un atelier de musicothérapie dans l'hôpital gériatrique "Les Magnolias" de Ballainvilliers (91), tous les lundis matins, pendant une heure et demie) : "Ces personnes sont toujours les mêmes qu'avant, elles ont juste oublié comment retrouver cette personne toute seule."

C'est à ce moment que la musicothérapie intervient. Cette forme de médecine musicale doit aider ces personnes à retrouver la personne qu'elles étaient et qu'elles sont toujours. A l'aide de comptines revenues du passé, stockées dans la mémoire sémantique, la musicothérapeute redonne la mémoire aux patients. En effet, à peine a-t-elle commencé à chanter les premières notes et paroles "Si tu veux faire mon bonheur Marguerite..." qu'elles sont reprises en cœur "Lalala, les sabots...". Par exemple, une femme ayant perdu l'usage de la parole, ou plus précisément débitant une litanie de mots sans liens et incompréhensibles sinon pour elle, accompagne le chant et retrouve les bonnes paroles. Tous suivent le rythme, certains chantent même seuls une chanson entière ; nous repensons particulièrement à une dame se baladant dans les couloirs avec la musicothérapeute et chantant "J'ai la mémoire qui flanche..", un joli clin d'œil.

On observe donc que ces patients normalement incapables d'enregistrer de nouvelles informations et de les retenir, gardent la chanson dans leur esprit, sans toujours se souvenir du contexte dans lequel ils l'ont apprise.



"Ces personnes ont comme nous besoin de communiquer. Elles ont quitté leur maison, leurs enfants et parfois perdu leur conjoint. Leur perte de mémoire entraîne une perte d'identité, une perte de conscience du temps présent. Mais, elles ont gardé une mémoire sensitive et sémantique. Elles ont juste besoin de réactualiser leurs souvenirs", explique Jean-Michel KUESS.

Ainsi, la musique ravive la mémoire sémantique pour, finalement, une redécouverte de toute une partie de l'identité. Elle agit aussi sur le bien-être de tout l'hôpital : les patients trouvent un cercle de communication et sont moins agressifs entre eux et avec l'équipe soignante. Les familles de cinq personnes ayant été choisies par le réalisateur du film pour être filmées ont dit qu'elles n'avaient jamais vu, depuis trois ans, leurs parents dans cet état de bonheur ! La musique les rassemble et les fait exister ; la musicothérapie résulte donc de l'interaction entre le patient, la musique et le musicothérapeute. Parler de musicothérapie, c'est parler de communication.

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3) Des applications dans la vie quotidienne.


La musicothérapie ne cesse de repousser ses limites. Peut-être qu'un jour, votre médecin ne vous prescrira pas des médicaments, mais bien de la musique. A chaque bobo sa symphonie en quelque sorte. Voici des exemples d'"ordonnances" :


INSOMNIES : la Rêverie de Schumann, le Largo de Haendel, l'Avé Maria de Schubert et le XXIe Concerto pour piano de Mozart.





MAL DE DOS ET TENSIONS : la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy, le prologue de la Belle au bois dormant de Tchaïkovski. Le Concerto l'Empereur de Beethoven suffira pour un simple apaisement. Et le Requiem de Fauré sera parfait pour la relaxation. La variété calme également la douleur.





BEBES ANGOISSES : L'ode à la joie de Beethoven ou les Corps glorieux pour orgue d'Olivier Messiaen sont, paraît-il, très appréciés des nouveau-nés, qui trouvent là de quoi calmer leurs angoisses. Les médecins préfèrent parfois offrir Mozart aux nourrissons pour "encourager leur développement physique et mental".






ETUDIANTS STRESSES (ou lycéens bien sûr) : de fait, la musique de cet illustre compositeur(Mozart, encore lui) semble avoir des effets très stimulants; au cours d'une de ses études, le Pr. Alfred Tomatis, pionnier de la musicothérapie, a observé que ses étudiants avaient amélioré leurs scores de 9 points à un test de QI, après avoir écouté, pendant dix minutes, la Sonate pour deux pianos en la majeur. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que certains rythmes apportent une oxygénation optimale du cerveau, entraînant des bénéfices dans les tâches cognitives et donc augmentant temporairement le QI.






ENFANTS DISSIPES (ou lycéens) : si votre enfant doit résoudre un problème arithmétique complexe, un environnement calme est souhaité, avec la musique de Blanche-Neige ou bien les Gymnopédies de Satie. Cependant, si le problème est ennuyeux et facile, mieux vaut faire écouter une musique vive comme La danse du sabre de Khatchatourian.






MAUVAISE HUMEUR : plus le son est intense et les instruments nombreux, plus il y a de chances que la composition produise un effet positif. Celle du compositeur Edvard Grieg, Morning, rend particulièrement heureux.






MAUVAISES PERFORMANCES SPORTIVES : avant l'exercice, écouter de la musique rythmée ou douce. Elle préparera votre corps à l'effort et à la résistance.








MANQUE D'ALTRUISME : "Pouvez-vous rester plus tard ce soir pour me donner un coup de main ?" Écouter Songs without words de Mendelssohn vous aidera à répondre "oui". (Vous pouvez aussi vous servir de cela pour recruter des volontaires..)

(Nous n'avons malheureusement pas réussi à mettre cette chanson sur le blog. Si vous souhaitez l'écouter, vous pouvez la trouver en streaming sur internet.)



PAUVRE SYSTEME IMMUNITAIRE : Ecouter Miles Davis ou John Coltrane augmentera votre taux d'anticorps, d'après une étude de Francis Brennan et Carl Charnetski de l'université de Wilkes aux Etats-Unis. Votre sensibilité allergique sera réduite avec du Mozart (encore lui !).






La musique a un effet positif dans de nombreuses situations, du manque d'attention à la mauvaise humeur, en passant par les performances sportives.

Cela à d'ailleurs donné naissance à d'autres expériences étonnantes qui ont été réalisées dans des réfectoires. Lors de la diffusion de musique classique, le volume sonore a baissé de 6 décibels (soit 7% du volume sonore habituel) et de 10 décibels (soit 12% du volume sonore habituel) avec de la musique pop. L'agressivité a quant à elle diminué de 55% ! (un message à faire passer peut-être)

Dans le même cercle "public", la musique est également utilisée dans les centres commerciaux, qui diffusent de la musique douce entre midi et deux pour décompresser et des rythmes rapides l'après-midi pour booster les ventes : cette musique est censée influencer la perception du produit et le temps passé dans la boutique. Or, plus on s'attarde dans les rayons, plus on a de chances d'acheter.

De la même façon, des chercheurs ont étudié les commandes de bouteilles de la clientèle d'un restaurant américain. Résultat : avec du Mozart ou du Vivaldi, les clients n'achètent pas plus de bouteilles mais choisissent des crus plus coûteux car un morceau de musique classique amorcerait des mots tels que "culture", "raffinement", "prestige", et à leur tour, ces mots réactivent des noms de châteaux prestigieux que l'on a en mémoire tel Château-Lafite ou Margaux...

Gare également à la musique jazz ! Dans un restaurant britannique, on a comparé les effets d'un morceau de jazz à tempo rapide (94 battements/min) à un morceau de jazz à tempo lent (72 battements/min). On a comparé le temps passé à table et les additions : avec le tempo rapide, les clients passaient 84 min dans le restaurant et dépensaient 22 livres alors qu'avec le tempo lent, ils restaient 96 min et dépensaient 5 livres de plus...


Quelques anecdotes.

> Le rythme aide à mettre en ordre le mouvement ; expérience sur un garçon qui ne pouvait pas attacher ses chaussures. Il a appris pendant le deuxième essai quand la tâche de nouer ses chaussures a été mise à une chanson. Le rythme l'a aidé à organiser ses mouvements physiques pendant ce temps.


> Albert Einstein était stupide à l'école. Ses professeurs d'école primaire ont dit à ses parents de le sortir de l'école parce qu'il était "trop stupide pour apprendre". Au lieu de suivre les conseils de l'école, les parents du petit Albert lui ont acheté un violon ; la musique a été un élément déclencheur chez lui. En improvisant sur son violon, il a résolu ses problèmes et équations et cela lui a permis de devenir l'un des hommes les plus intelligents qui aient vécu.

(N.B. Nous sommes sûres que A.Einstein a suivi des cours de violon dans son enfance et qu'il a gardé cette passion jusqu'à la fin de sa vie, cependant, un seul site rapporte que cela a été un des éléments déclencheurs de son génie)


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